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J.Lo, la reine des ghost-singers ?

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Jennifer ! Il existe un groupe très exclusif d’artistes qui ont une notoriété telle qu’ils n’ont pas besoin que l’on dise tous leur nom de scène. C’est le cas de Jenny From The Block aka Jennifer Lopez. Arrivée sur la scène à la fin des 90’s, elle est encore aujourd’hui une des artistes les plus bankables de l’industrie à maintenant 51 ans.

Avec 70 millions de disques vendus, quatre numéro°1 aux États-Unis, quatre Video Music Awards et deux nominations aux Grammy Awards, J.Lo est une des chanteuses latina ayant eu le plus de succès en Amérique du Nord. Sa carrière est pourtant autant riche en succès qu’elle l’a été en scandale. Dans cette ère où les songwriters et l’implication des artistes est de plus en plus mise en avant, les histoires assez sordides concernant la création de plusieurs de ses tubes ont été remis sur le devant de la scène. Revenons sur la carrière de J.Lo, une artiste “produit” qui sera retenue par le grand public comme THE showgirl.

Une carrière imprévue

Nous allons survoler rapidement les débuts de la miss, qui commence à se faire un nom vers 1993 avec ses premiers rôles en tant qu’actrice. Un rêve qu’elle a voulu toucher depuis son enfance, mais détruit par ses parents, qui lui répétaient que : “Aucun latino ne faisait ça”. 

C’est en 1997 qu’elle atteindra un nouveau level de célébrité, avec le film Selena (film autobiographique sur la chanteuse légendaire Selena Quintanilla-Pérez, considérée comme la reine du Tejano, style musicale propre à l’Amérique Latine). 

Ce film l’incitera à proposer ses maquettes (en espagnol) à des maisons de disques. Ses maquettes atteindront les oreilles de Tommy Mottola, le manager de Mariah Carey. Ce dernier signera Jennifer chez Sony Music et lui demandera de chanter en anglais. Après 2 ans d’enregistrement pour son premier album, elle sortira en 1999 son premier single “If You Had My Love”.

 

« If the album was a flop, not only would it embarrass Lopez, but it might even damage her career. »

Rentrons dans le vif du sujet…

Les trompe-l’oeil

Le single est un succès instantané en Amérique. Les radios (qui comptent énormément aux USA) le soutiennent énormément. En 3 semaines, le hit se classe dans le Top 10 du Billboard Hot 100. Nous sommes à une époque différente d’aujourd’hui, les nouveaux singles mettent beaucoup plus de temps avant d’exploser dans les classements. Pourtant le titre, sorti le 11 Mai 1999, sera #1 dès le 12 Juin de la même année. Une ascension fulgurante pour une fille qui ne se voyait même pas chanter. 

L’élément phare, utilisé pour sa promotion est son image. “J.Lo est la Hit-girl du moment, en plus d’être la latina avec des traits très euro-centrés”. Vous vous demandez donc où se trouve le trompe-l’oeil ? Dans la chanson elle-même.

Non pas dans le clip voyeuriste réalisé par Paul Hunter, mais bien dans la composition de la chanson. Nous t’invitons à écouter le titre, enregistrer le grain de voix de J.lo, puis aller au refrain. Entends-tu la différence dans la voix ? C’est très simple, le refrain n’est pas entièrement chanté par elle. Sa voix est juste assez présente pour rappeler qu’il s’agit de sa chanson. Cependant, la voix présente sur la majorité de l’audio est celle qui était également sur la démo.

De nos jours, ceci pourrait être anodin pour certains avec la popularisation des ghost-singers. Cependant, 8 ans seulement avant la sortie de ce single, le groupe Milli Vanilli avait été au coeur d’un énorme  scandale dénonçant l’absence de leurs vocalises sur leur propre album. Ce qui avait complètement anéanti leur carrière

Coup du hasard ? Du tout, car les autres tubes de l’album Let’s Get Loud et Waiting For Tonight seront concoctés de la même manière. La deuxième chanson est d’ailleurs la reprise d’un titre qu’elle avait initialement refusé, sur laquelle ils ont gardé les voix des chanteuses d’origine.

Tu remarqueras que ce processus est principalement utilisé pour les refrains de la chanson, le moment qui passera dans les pubs, radios, cinémas ou même évènements sportifs. Ne te méprends pas, cette petite formule ne sera pas utilisée le temps d’un seul album, au contraire, ils iront plus loin avec.

La recette de ses tubes

En Janvier 2001, Jennifer sortira son deuxième album intitulé J.Lo. Le premier single Love Don’t Cost A Thing, sera lui également un gros tube qu’elle chante toujours aujourd’hui dans son show à Las Vegas. Vois-tu où nous voulons en venir ? Eh oui, Jennifer ne chante pas le refrain du single. À ce jour, on ne sait toujours pas qui est-ce qui chante la majorité du refrain, (J.lo chantant principalement les cœurs). 

Cette méthode (frauduleuse ?) ira encore plus loin avec la chanson Play, issue du même album.

Christina Milian (anciennement songwriter) confirme dans une interview avec Talk SToop, avoir écrit la chanson. Cependant, cette fois-ci, cette dernière le chante entièrement seule. Il y a un mot pour ce genre de situation habituellement : les featurings. Bien que créditée en tant qu’auteure de la chanson, sa voix porte, à elle seule, le moment le plus important du hit : son refrain. 

Ceci ne sera pas la seule chanson qu’une chanteuse lui écrira. 

En 2001, l’équipe de Jennifer Lopez va lui imposer une image permettant d’attirer le public R&B. Ils décident donc de remixer l’album J.Lo et certaines chansons seront entièrement réécrites. Ce qui est le cas de Ain’t It Funny et I’m Real, tous les deux devenus des Murder Inc Remix.

Ashanti, inconnue du grand public à l’époque, lui écrira le remix de Ain’t It Funny et chantera sur la démo des deux singles.

Dans une interview, elle confirmera les rumeurs ayant circulé pendant des années, mettant fin au mystère.

“J’ai fait une démo du disque pour elle. […] Et ils ont gardé mon refrain et, vous savez, ils ont gardé certains backgrounds vocaux et des trucs comme ça …”

Lors de notre article sur l’appropriation culturelle, nous te parlions des artistes ayant bénéficié du colorisme et de l’appropriation culturelle. Cette pratique de son équipe, consistant à prendre le produit musical d’une artiste noire et de le mettre sur une artiste blanche est la raison pour laquelle la popularité de Jennifer Lopez n’a pas duré chez les afro-américains (qui est majoritairement le public R&B/hip-hop).

La liste des titres où des soupçons ont été émis est assez longue : 

  • Get Right 
  • All I Have
  • Jenny From The Block
  • Ryde or Die
  • I’m Gonna Be Alright (Remix)  
  • I’m Gonna Be Alright  (Original)
  • I’m Real (Original)

Une « fraude » astucieuse

Beaucoup se demandent quel est l’intérêt derrière une telle méthode ? Des carrières ont été totalement effacées pour beaucoup moins. 

Pour les comprendre, il faut s’intéresser à la manière dont la structure d’une chanson impacte l’auditeur. Nous sommes plus souvent en train de fredonner le refrain d’une chanson, c’est le moment le plus marquant d’un titre. Son équipe l’a bien compris ; à une époque où l’auto-tune n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui, il a fallu mixer sa voix avec d’autres, qui sonnaient mieux à l’oreille. Concernant ses chansons R&B, ils ont gardé des voix plus soul et avec une texture plaisant à ce public. 

Cependant, penses-tu qu’elle soit seule dans ce cas de figure ? Le ghost-singing s’est popularisé sur les récentes années. Un petit exemple avec Selena Gomez sur le titre Come & Get It, écrit par Ester Dean.

Que penses-tu du ghost-singing ? Devrions nous faire un article sur les autres artistes utilisant ces méthodes ?


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