Dessin de Pier Gajewski

Les artistes et leurs masters

Après vous avoir fait un You Need To Know au sujet des artistes et leurs labels, on vous propose today d’approfondir le sujet. La dernière fois nous étions passé en surface de certains aspects les plus importants du game. Aujourd’hui, on vous propose donc un sujet complet sur les masters, et pourquoi ils peuvent ruiner une carrière.

What is it ?

Définissons déjà ce terme. Lorsqu’un artiste possède ce que l’on appelle ses masters, cela veut dire qu’il a tous les droits sur son catalogue musical. Le master en lui même, est la version originale d’une chanson. Pour vous donner un exemple, lorsqu’une personne possède un groupe (ex : Coca Cola) alors cette dernière peut faire ce qu’elle veut comme avec les marques liées à Coca Cola. La possession d’une chanson permet de contrôler tout ce qui sera fait avec la chanson.  De ce fait cela signifie plusieurs choses :

• L’artiste va toucher plus de royalties (c.à.d les revenues liés à sa musique)
• L’artiste peut utiliser sa musique comme il le souhaite (publicité, radios, évènements sportifs etc…)
• Avoir plus de privilèges lorsqu’un contrat publicitaire est signé
• Révoquer/annuler un contrat si les conditions ne sont pas respectées

On pourrait croire qu’il s’agit de choses que l’artiste possède déjà. Cependant, lorsqu’un label signe un artiste, ce label rédige le contrat de sorte à ce qu’ils possèdent les masters. C’est le cas de plusieurs artistes qui dominent les classements.

Selon Village de la Justice, la plupart des artistes attendent presque 35 ans avant d’entrer en conflit judiciaire. À ce stade, ils peuvent réclamer la dissolution totale de leurs contrats. Judiciairement, il n’y a pas encore de jurisprudence qui donne raison à une des parties. Toutefois, l’industrie évolue tous les jours et les artistes s’expriment de plus en plus sur le mauvais traitement de certains.

L’exploitation dans le Hip-Hop

Le débat sur la possession de ses oeuvres est devenu un débat public très récemment et le rappeur 21 Savage a abordé le sujet en tweetant ceci. À seulement 26 ans il possédait toutes ses oeuvres musicales, quelque chose de très très rare dans le monde du hip-hop. C’est d’ailleurs monnaie courante pour les rappeurs d’avoir des contrats où le rapport de force les désavantage.

P. Diddy a récemment fait parlé de lui lorsque son artiste Mase lui a réclamé publiquement la possession de son catalogue. Ce dernier a expliqué qu’à la signature de son contrat, Diddy lui a versé 20,000 dollars pour la diffusion de sa musique. Une somme ridicule pour quelqu’un qui deviendra un des plus gros artistes de son label. Ce dernier ira encore plus loin et avouera avoir contacté Diddy pour lui proposer 2 millions en échange de ses droits. Toutefois, P. Diddy a préféré vendre son catalogue à un CEO européen … Je répète, plutôt que de donner à son artiste les droits sur sa musique, il les a vendu à un businessman.

Mase n’étant plus un gros vendeur dans l’industrie, ses revenus dépendent donc de son catalogue. Voici en quoi les masters sont important. De plus, avec les avancées comme le streaming, un artiste peut avoir plus de revenues. Lorsque ce dernier possède ses masters alors les royalties sont automatiques, tandis que certains doivent négocier leurs contrats.  C’est le cas de Lady Gaga dont le contrat signé en 2007 lui donnait des revenus ridicules sur le streaming.

Les plus grands sont aussi touchés

S’il y a bien une artiste qui a remis sur le devant de la scène le sujet des masters, c’est Taylor Swift.

Lorsque Taylor a signé son contrat, tout juste adolescente, ses masters ont été attribués au label Big Machine. Durant sa période contractuelle, elle a émis à plusieurs reprises l’envie de racheter son catalogue avant que le label soit vendu à un grand groupe. Le directeur du label, Scott Borchetta lui a à de nombreuses fois proposé de les obtenir à condition qu’elle rallonge son contrat.

Eh oui, Taylor est une poule aux oeufs d’or qui a elle seule peut faire vivre un label. C’est avec grande surprise que l’on a appris il y a 2 ans que Scooter Braun (manager de Justin Bieber) a décidé de racheter le catalogue de Taylor. La valeur de cet achat ? 300 Millions de dollars. M O N E Y !

En possédant ses masters, Scooter Braun devient le maitre de toutes les oeuvres de Taylor Swift. Que signifie ce deal ? Il peut imposer plusieurs règles comme l’interdire de faire des performances de ses anciennes chansons. Lorsque cette dernière a été honorée de l’award pour artiste de la décennie aux American Music Awards, la rumeur dit que Scooter Braun aurait refusé qu’elle fasse un live avec ses anciens tubes. Ce dernier est la personne chez qui tout le monde doit passer s’ils souhaitent utiliser les chansons de Taylor Swift. Cette dernière prépare déjà sa revanche.

Comment reprendre possession de ses masters ?

Dans le cas Taylor Swift, celle ci a été très franche et a dit qu’elle allait ré-enregistré ses anciennes chansons. Eh oui, 6 albums entier ! En effet, il s’agit d’une méthode assez répandue où l’artiste modifie sensiblement l’instru et sa voix afin que la chanson ne se rapproche pas trop de l’originale. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir utilisé cette méthode. Si vous cherchez Jojo sur les plateformes de streaming, vous verrez que ses 2 premiers albums ne sont pas disponibles. En effet, la chanteuse a elle aussi l’impossibilité de jouir de sa musique comme elle le souhaite. Son ancien manager possède sa musique et ce dernier refuse de la mettre sur Spotify, Apple Music etc …

Rihanna a été encore plus maline. Elle a racheté récemment ses masters en toute discrétion et sans même aller au tribunal. Le rachat de son catalogue s’est fait via des entreprises qu’elle possède. Étant l’artiste féminine la plus streamée au monde, on imagine bien que le chèque a dû être assez élevé …

L’ultime solution, et la plus problématique, est d’attendre 35 ans … Oui 35 longues années. À l’issu de ce temps le contrat et les clauses seront expirées. L’artiste est donc libre de reprendre possession de sa musique.

Que penses-tu de ce sujet ? Les artistes devraient-ils avoir la main sur leurs oeuvres ?

 

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