Un concept simple mais inédit : enfermées dans une maison reconvertie en studio pour l’occasion, cinq rappeuses qui ne se connaissent pas et dont les univers sont aux antipodes les uns des autres ont pour défi d’écrire, d’enregistrer et de clipper un morceau de rap ensemble, le tout en quatre jours. Retour sur un projet aussi enrichissant qu’ambitieux avec en prime, l’avis de l’équipe d’ANTHEM.
Produit par Stéphane de Freitas et réalisé par Guillaume Genton, le documentaire Reines, pour l’amour du rap est diffusé pour la première fois le 25 octobre 2021 sur Canal+. Pendant un peu plus d’une heure, les spectateurs ont le privilège de suivre de très près la création de la chanson qui va célébrer et mettre en lumière les femmes dans le rap. D’ailleurs, les Reines dont il est question ne sont autres que Chilla, Davinhor, Bianca Costa, Vicky R et Le Juiice, des noms déjà bien connus du monde de la musique francophone.
Accompagnées par la journaliste Juliette Fievet, ainsi que par des producteurs à succès comme Junior Alaprod (derrière Mobali de Siboy) ou encore Pyroman (Mwaka Moon de Kalash), les jeunes artistes s’attèlent à déconstruire les stéréotypes liés au monde encore profondément misogyne du rap. Oui, les femmes sont solidaires entre elles et oui, elles aussi ont des choses à dire. Au bout du troisième jour de cohabitation, et après avoir déjà écouté plusieurs prods, les jeunes femmes se mettent enfin d’accord quant à la mélodie sur laquelle elles délivreront leur message.
Le morceau ego trip, AHOO, naît dans la foulée.
AHOO : Top ou Flop ?
Un beat entêtant aux influences diverses, des rappeuses aussi talentueuses que déterminées, un refrain percutant et un clip qui célèbre dignement les femmes encore si peu représentées dans l’industrie du rap : La voilà, la recette pour faire un hit. Le morceau s’ouvre sur la bonne élève du rap francais, Chilla, dont la voix grave et affirmée donne le ton. Puis, les couplets et les punchlines s’enchainent : Bianca Costa rend hommage à ses racines brésiliennes en jonglant habilement entre le français et le portugais sur une instrumentale aux sonorités funk faite sur mesure, tandis que Davinhor est cinglante. Le Juiice, la force tranquille au timbre de voix si identifiable, nous offre un rap avisé porté par un flow imparable et l’éclectique Vicky R nous rappelle pourquoi sa présence dans le projet est indispensable.
Avec AHOO, les jeunes rappeuses réalisent une véritable performance artistique et semblent tout à fait en mesure de marcher dans les pas de Diam’s ou encore Keny Arkana. Il ne reste plus qu’à espérer que cette collaboration 100% féminine ne soit pas la dernière et que le rap permette davantage aux femmes de s’exprimer librement.